Pour effectuer ce périple, nous avons donc choisi un billet d’avion méconnu et pourtant ancien, le billet « Tour Du Monde ».

D’une durée d’un an, ce billet est théoriquement « open ». Les dates des escales peuvent donc être modifiées en cours de route. Et le coût est largement inférieur à la somme des prix des billets (allers) pris individuellement.

Ses inconvénients sont faibles. La date du départ est fixe une fois qu’elle est choisie (elle donne le top départ de l’année de validité). On ne peut pas tourner autour du globe en faisant des Z. Cap à l’ouest ou cap à l’est, il faut choisir ! Changer d’escales coûte vite une centaine de dollars. Et on est obligé de faire son choix parmi les 3 grandes alliances de compagnies d’aviation.

Pour cette dernière condition, le choix s’impose rapidement pour l’alliance One World, la plus présente dans l’hémisphère sud.


Très vite aussi, le choix est fait de s’adresser à une agence spécialisée. Car combiner tous les vols des différentes compagnies en respectant les critères de nombre d’escales et de continents s’avère très vite un casse-tête. De plus, je sais que ces agences arrivent à un meilleur rapport qualité-prix que lorsqu’on monte soi-même un projet de ce genre.

Deux sociétés, toutes deux britanniques, sont mises en compétition. Une légère différence de prix nous orientera finalement vers Travel Nation.


Puis une rafale de questionnements déboule. Combien de temps ? Quels pays traverser outre la Nouvelle-Zélande et l’Australie ? À quelle époque de l’année et dans quel sens faire ce tour du monde ?

Nous nous mettons d’accord finalement pour un voyage de 3 mois « maximum ».

Un planisphère et Google Maps nous aident à établir un itinéraire théorique, qui évite donc l’Afrique et privilégie l’Amérique du Sud. Nous avons la chance de connaître de nombreux pays d’Asie du Sud-Est, mais nous décidons cependant de fixer une dernière étape à Hong Kong, l’occasion de rendre visite à quelques amis français établis là-bas et, pour moi, de découvrir ce petit bout de Chine.

Quelques billets d’avion ne pourront finalement pas être inclus dans le package Tour du Monde, la limite du nombre d’escales étant atteinte. Il nous faudra donc prendre en cours de route trois vols en Amérique du Sud, et cinq vols intérieurs en Australie.


L’Île de Pâques, que nous inscrivons tout naturellement dans l’itinéraire, apparaît très vite comme un pivot essentiel. Car on ne l’atteint que par le Chili et Tahiti. Comme elle est chilienne, elle est reliée à Santiago par un vol quotidien. En revanche, un seul vol hebdomadaire est assuré avec Papeete. Fixer une date pour quitter l’île devient vite une nécessité. Et bloquer toutes les autres dates, en faisant fi de l’avantage « open »,  permet alors d’économiser quelques sesterces.


Après une longue étude des conditions météorologiques locales, l’itinéraire et le sens se précisent. L’automne austral (donc le printemps pour l’Europe) est le dénominateur commun le plus favorable.

Tout d’abord on évite ainsi la haute saison touristique pour la majorité des pays. Bon à prendre !

Puis nous évitons au maximum les fortes chaleurs (excepté pour le centre Rouge australien, où il fait toujours chaud…). La seule crainte est d’entrer dans l’hiver en Nouvelle-Zélande, notamment dans l’île du sud. J’ai arpenté ce pays en plein hiver 1975, j’aimerais bien le revoir avec une température clémente !

Je m’attaque ensuite au planning détaillé sur une feuille Excel. Dans une première colonne, j’indique le nom des villes principales. Dans une deuxième le nombre de jours estimés. Une troisième calcule automatiquement les dates, tenant compte des jours dévolus aux nombreux avions. Aïe, je dépasse les trois mois !...

Quelques lieux passent à la trappe malheureusement. D’autres voient le nombre de jours réduit.


Parallèlement, nous investissons les rayons des grandes librairies pour comparer les différents guides. Routardet Lonely Planetsont bien sûr les inévitables. Certains seront achetés, d’autres seront empruntés à la bibliothèque municipale. Les pages principales de ces derniers seront scannées pour avoir les informations sous la main en limitant le poids.

D’une manière générale, je scanne un maximum de documents. Papiers officiels, ordonnances, factures de matériels, réservations. Sur les conseils de notre fille, tout est mis dans une Dropboxpour les avoir sous la main dans nos différents « e-devices ».

La chasse aux grammes superflus est constante ! J’offre ainsi à MJ une liseuse, mon iPad me permettant d’emmener livres et films en quantité.


Profitant des soldes, nous faisons l’acquisition d’une deuxième valise Delsey robuste (garantie 10 ans !), s’ouvrant en portefeuille pour plus de commodité, et en profitons pour compléter notre garde-robe de routards, en privilégiant confort, légèreté et facilité de lavage et séchage.

Anne-Laure nous offre même une machine à laver portative australienne ! Il s’agit en fait d’un sac étanche, dans lequel on place linge, savon et eau. Ensuite, le moteur est assuré par les deux bras, qui secouent la chose tel un shaker, pendant quelques minutes. Incroyable, ça marche (merci Anne-Laure) !


Une multitude de « petits » détails doivent en suite être étudiés, tel un adaptateur pour les différentes prises électriques. Une amie nous prête un peson (merci Ghislaine) afin de surveiller notre poids ; enfin, celui de nos bagages ! L’affaire n’est pas simple. Car si, sur les vols internationaux, la limite autorisée est de 23 kg avec un bagage cabine de 7 kg, la donne n’est pas la même sur les low costs que nous serons amenés à prendre, notamment entre Australie et Hongkong. Parfois 20 kg en soute ; parfois pas de bagage cabine. Le site internet de Jet Star est un modèle du genre dans ce que l’on peut faire de compliqué en la matière…


Vient ensuite l’aspect santé. Le point sur les vaccins est fait et les conseils sont pris pour les médicaments et onguents à emmener (merci Claire). Vérification est faite que nos ordonnances sont compréhensibles (mention des molécules) pour les gens « d’en bas ».


Je m’attaque alors aux nombreux aspects administratifs. Anticiper les impôts puisque nous serons en voyage au moment de la déclaration, prévenir de nombreux interlocuteurs de notre absence, demander les permis de conduire internationaux (obligatoires en NZ et Australie), demander le visa australien, lire et relire les petites lignes du contrat d’assurance de la Carte Premier, etc. L’expérience nous montrera, pour le permis de conduire international, qu’il faut s’y prendre au moins 2 mois à l’avance, voire plus. D’ailleurs le mien mettra quelque 12 semaines à arriver au lieu des 8 indiquées (merci l’Administration Française…). Nous serons alors obligés de nous le faire envoyer en Nouvelle-Zélande. Quant à celui de Marie-José, il aura mis 2 ou 3 semaines de plus pour arriver à Lyon. L’Administration serait-elle misogyne ?

Finalement, lors de la prise du véhicule à Christchurch, nous n’aurons qu’une photocopie du précieux sésame à présenter, complètement inacceptable pour les Kiwiset les Aussies. D’où une dépense supplémentaire de plusieurs dizaines d’euros (par exemplaire) pour payer une traduction en anglais par un traducteur « officiel ». Tarif majoré, car, bien sûr, nous prenons la voiture un jour férié…


Faut-il le préciser ? Au tableau Excel j’ajoute une feuille pour l’étude du budget… Au fil des semaines, le tableau se complexifie et se précise. Estimation des coûts des logements, de la nourriture, des locations de voitures et scooters et de l’essence consommée, des vols complémentaires à acheter, des entrées dans les parcs (90 $ par personne rien que pour le Pass de l’Île de Pâques…), des plongées espérées, et un forfait d’extras par ville principale.

Un dernier « check » approfondi est fait pour les assurances liées à la Carte Visa. Je découvre ainsi qu’elle ne couvre pas la location des 2 (ou 3) roues, ni des 4 x 4. Mieux vaut le savoir avant ! Exit le 4 x 4 bien utile dans le désert australien...


Compte tenu du rythme prévu pour le premier mois (9 vols, 4 pays), nous décidons de réserver tous nos logements puisque toutes les dates sont connues pour ce parcours.

S’ensuivent des journées d’étude sur internet pour trouver dans chaque ville le logement parfait. Les hôtels sont privilégiés pour l’Argentine et le Chili, alors que les logements chez l’habitant seront mis en avant à partir de la Polynésie, dans la mesure où nous maîtrisons le français (…) et l’anglais.

Dans la foulée, nous réservons une voiture pour Tahiti et une autre pour 24 jours en Nouvelle-Zélande (où nous parcourrons 4.250 km).

Ne reste plus qu’à vérifier une X° fois nos passeports.

Ça y est, au bout de deux mois intenses de préparation, nous sommes fins prêts.



À ce jour, nous avons rencontré plusieurs familles réalisant un tour du monde.

Au Chili, ce sera toute une famille québécoise (4 filles) partie pour un an !

En Nouvelle-Zélande, nous croiserons la route de Bretons partis en bateau pour 4 ans, avec 3 enfants. Ils ont dans l’idée de revendre leur bateau en NZ et de s’y installer.

Et enfin une famille française avec deux adolescents en route pour 4 mois.

Non, nous ne sommes pas les seuls sur la route, même si nous sommes les moins jeunes !