Je reprends le clavier, voulant profiter de cette pause imposée et néanmoins fort agréable qu’est le ferry permettant le passage du sud au nord. J’espère ainsi récupérer une partie du retard pris dans les articles du blog.

Olivier


Dunedin, la ville écossaise

En chemin pour « l’Édimbourg de l’île du sud », nous nous arrêtons à Moeraki pour voir les Boulders, ces étonnantes boules rocheuses sur la plage de la localité du même nom.

On peut en compter plusieurs dizaines, dont certaines sont suffisamment hautes pour qu’il soit difficile de les escalader. Mais rien n’arrête nos Chinois, et surtout nos Chinoises, qui prennent la pose dessus et se font mitrailler de tous côtés. Encore une fois, nous avons le sentiment que le sujet principal de la photo n’est pas le cadre (Château de la Loire ou glacier néo-zélandais), mais bien la personne aux yeux bridés… Je finis même par demander l’autorisation à un groupe de me laisser une boule rien que pour moi, le temps, d’une photo !

L’origine de ces formations rocheuses si particulières est sujette à de nombreuses spéculations, dont une bonne partie est assez farfelue. À vous de choisir !

-      Une pirogue transportant les premiers Maoris se serait échouée là. Les survivants auraient été transformés en pierres.

-      Une espèce extraterrestre aurait déposé ces œufs qui n'auraient pas survécu au climat

-      Ils s’agiraient d’œufs d’une espèce de dinosaures inconnue.

Plus prosaïquement il s'agirait de dépôts de calcites autour de noyaux de boue fossilisés.


La lumière de l’après-midi est idéale pour les photos, et je suis tout heureux de faire ronronner mon reflex retrouvé.


Mais il faut reprendre la route pour atteindre avant la nuit notre prochaine étape.

Grâce au GPS intégré à notre Toyota RAV 4 (vive la technologie moderne), nous arrivons facilement à Dunedinchez Lee et Antonie.

Lee, fils de Hollandais ayant fui le pays après la guerre, est à la fois fermier et conseiller municipal. Nous aurons des discussions très intéressantes avec lui sur l’actualité politique de sa ville, et la corruption qu’il essaye de combattre, et qui risque de  l’empêcher d’être maire aux prochaines élections.

Elle, native de Bordeaux, est professeur à l’Université très ancienne de Dunedin (prononcez Duniiiiidine).


Leur immense maison est étonnante. Antonie ne connaît pas vraiment la surface des deux niveaux. « Peut-être 500 m2 » dit-elle. N’ayant pas emmené mes instruments, je ne lui propose pas de lui établir un certificat Carrez…

Ancienne (fin 19°), avec une belle vue sur la ville (quand il fait beau), cette maison pourrait être un décor de film ou matière à roman. Elle a été autrefois découpée en 5 appartements, et Lee s’emploie à lui redonner son aspect original. Toute trace de cloisonnement a disparu, et il lui ne reste pratiquement qu’à achever la balustrade du majestueux escalier central.

En bas de celui-ci, dans l’entrée principale, trônent les portraits des ancêtres hollandais. Que voilà un fond tout trouvé pour faire une photographie du maître des lieux !

Lee, dans sa prime jeunesse, a travaillé également dans la production de spectacles, notamment pour les Pink Floyd. Encore un sujet de conversation !


Notre chambre est à choisir parmi celles proposées aux hôtes de passage. Comme nous sommes les seuls, l’étage nous appartient en grande partie, nous laissant le loisir de regarder en détail le mobilier d’époque et l’installation électrique désuète. Subsistent encore de nombreux interrupteurs actionnés par des cordons tombant du plafond ! La robinetterie est moderne, mais avec un « look » ancien. La salle de bain qui nous est réservée a une curieuse cabine de douche-baignoire, fort astucieuse.

Dans notre chambre, une antique radio retient mon attention. Elle doit bien dater d’avant la 1° guerre mondiale. Et, surprise, elle fonctionne parfaitement. Antonie m’apprend que Lee est ingénieur en électronique de formation, et qu’il a donc entièrement rénové l’appareil. Le son est étonnamment bon et, pourtant, tous les composants semblent d’origine.

La pièce est aussi, heureusement, dotée d’un radiateur électrique. Il faut dire que chauffer complètement cette bâtisse engloutirait un nombre conséquent de ces beaux billets à l’effigie de la Queen Elisabeth II…


Le petit-déjeuner, qui nous permet de découvrir des müeslis bien plus élaborés que les nôtres, est prétexte à discussion. Lee, passionné, nous détaillera ainsi le projet de modernisation du port de Dunedin, dont nous avons vu des maquettes la veille dans le passionnant musée principal.

Ce projet porte sur plusieurs aménagements (hôtel 5*,  pont articulé, bâtiment culturel, etc.) et les trois architectes ont rivalisé d’imagination, se référant aux emblèmes de la région, dont les baleines. Et, de manière, me semble-t-il, inhabituelle, leurs différents projets s’accordent tellement bien qu’ils semblent issus d’une seule main. L’ensemble pourrait rivaliser avec certaines réalisations des pays du Golfe.

Le pont ressemble ainsi à la carcasse d’une baleine, dont les nombreuses cotes bougeraient à la façon de deux immenses voiles. Surprenant !

Pour Lee, le financement n’est pas un problème. D’un côté, un riche mécène étranger est prêt à financer un bâtiment et, d’un autre côté, la récupération de l’argent absorbée par la corruption suffirait à terminer le projet. Cela semble étonnant de prime abord tant ce projet doit être coûteux, mais notre conseiller municipal (en bon Hollandais de souche) présente tous les atours d’un financier accompli. En tout cas, nous suivrons ce dossier depuis Lyon !

Le projet : http://arl.co.nz/arl-news/229-dunedin-waterfront-vision


La journée complète dévolue à Dunedin sera partagée entre visite matinale de la péninsule d’Otago et musée sur la colonisation du pays.

Les rares routes de la péninsule sont tortueuses à souhait, et nous regrettons que le temps soit gris, car les paysages sont magnifiques.


Quant au musée, il mérite fortement le détour comme dit le guide Michelin. Sa partie principale retrace (brièvement) l’arrivée des Maoris dans ce pays du bout du monde et si éloigné des îles de la Polynésie. Puis vient la partie réservée à la colonisation par les Européens, essentiellement britanniques. Objets de tous les jours et reconstitutions d’habitats des 150 dernières années nous permettent de mieux saisir combien tout était particulier et difficile ici, loin de l’Europe.


Mais vient le moment de la séparation, car une longue route nous attend. Nous devons passer de l’est à l’ouest, du Pacifique à la mer de Tasmanie. Notre prochaine étape sera Te Anau, propice à une approche de la région appelée fort justement le Fiordland, tant sa ressemblance avec les fjords de Norvège est forte. Lors de mon passage en 1975, je n’avais pu découvrir cet endroit, car c’était l’hiver, et toute cette partie de l’île du sud est quasiment impraticable. J’ai hâte, notamment, de voir ce fameux Milford Sound, grand fjord si renommé.