Mardi 24 avril, un avion de Jet Star nous amène en une heure et demie à Christchurch, la 2° ville du pays (dont l’aéroport est d’ailleurs international), et la plus importante (350.000 habitants) de l’île du sud.

Notre logement est une grande maison moderne, tenue par Kim, une très sympathique néo-zélandaise, entourée de 2 matous. Si l’un est plutôt sur la réserve l’autre, dont le format l’apparente à la loutre ou au castor, nous a tout de suite pris en amitié.

Je retrouve l’accueil du pays, car, dès le 1° soir, Kim part faire la fête chez des amis en nous laissant la garde de sa maison jusqu’au lendemain. Elle récidivera d’ailleurs le lendemain soir…

Après une nuit courte, car, finalement, l’horloge biologique n’est pas recalée après le passage de la Ligne de changement de date et les multiples changements d’heure, nous allons « faire un tour en ville ».


De mon passage en 1975, j’avais gardé le souvenir et des photos d’une ville agréable, marquée d’une forte empreinte britannique. Ses bâtiments et ses écoliers en tenue lui donnaient un petit air de Cambridge ou d’Oxford des plus délicieux.

Nous avions beau le savoir, et malgré les photos vues auparavant sur internet, le choc fut quand même rude.

Nous découvrons une ville dévastée par deux tremblements de terre successifs(2010 puis 2011 qui fit 185 morts).


Plusieurs rues sont encore partiellement ou totalement interdites. Partout des cônes rouges et blancs tracent des lignes impitoyables.

Plusieurs blocs (pâtés d’immeubles) ne sont plus qu’espaces vides entourés de barrières ou servant de parkings. Parfois un panneau indique un futur projet de reconstruction, sans indication de date d’achèvement. Quelques chantiers sont néanmoins bien réels, gommant le sentiment initial d’abandon.

De nombreux bâtiments, anciens ou récents, sont encore debout, mais interdits d’accès.

De-ci de-là une maison en briques et bois, qui devait sembler incongrue au milieu des immeubles, se retrouve maintenant isolée dans une grande parcelle vide. Quelques lézardes sont visibles et on a de la peine à déterminer si elle est encore habitée.


L’emblème de la ville est la cathédrale, dont le clocher s’est écroulé en deux temps.

Éventrée comme un poisson dont on aurait coupé la tête, des étais métalliques rouillés essayant désespérément de tenir ce qui reste du bout de la nef, elle est seule au milieu d’un grand espace vide. À côté, une haute sculpture récente tente de lui donner un espoir.

Depuis la catastrophe, les édiles et divers responsables ne sont toujours pas d’accord sur l’avenir du bâtiment. Le détruire et le reconstruire ou non, ou le rénover plus ou moins à l’identique. Combien de temps et d’études faudra-t-il pour décider de son sort ?


Juste en face, l’ancienne Post Officeest également au chômage. Ses fenêtres fermées par des panneaux de bois sont autant de paupières closes.

Il subsiste néanmoins quelques bâtiments anciens préservés. L’ancien collège aujourd’hui reconvertit en e-Site, l’Office du tourisme néo-zélandais, est fièrement intact.

Tout comme l’intéressant musée qui jouxte l’immense Hagley Parkde 161 hectares (117 pour le parc de la Tête d’Or) qui abrite notamment les Botanic Gardens.

En cette saison automnale, les arbres sont flamboyants. Séquoias, érables, eucalyptus, et autres arbres à haute tige rivalisent de couleurs. Au milieu coule toujours la rivière Avon, qui rappelle furieusement la Serpentine du Hyde Park de Londres.

En passant un petit pont en pierres qui l'enjambe, je remarque des écarts entre la balustrade et les murets aux extrémités, je comprends que les tremblements ne l'ont pas épargné et qu'il a vaillamment résisté.


En s’écartant de l’hyper-centre, des bâtiments très récents et modernes apparaissent. Sans doute ont-ils pris la place d’édifices écroulés. Mais l’Architecture Universelle sévit là aussi, gommant tout régionalisme.


Il est cependant parfois difficile de déterminer si un bâtiment a été construit dans les 10 premières années du XXIº siècle, ou juste après le dernier séisme. Ainsi en est-il de la Art Gallery. Ce très grand bâtiment, tout d’acier et verre vêtu, occupe un grand espace dans le centre. En fait, il était presque achevé quand le tremblement de terre l’a sérieusement endommagé. Pas suffisamment cependant pour le détruire heureusement. Aujourd’hui il présente – gratuitement – plusieurs expositions de grande qualité. À sa manière il participe au renouveau d’une ville qui peine à reprendre ses marques.


Le soir, nous irons dîner dans un pub non loin de notre logement. C’est un endroit comme on les aime. On y retrouve le bois et la moquette des pubs anglais, les voix qui emplissent la salle et la bière qui remplit les pintes.

Nous cédons à la tentation d’un fish and chips, tout en appréciant l’ambiance. Ce mardi soir, un quizz animé par le patron semble avoir attiré tout le quartier. Un vidéoprojecteur enchaîne les questions, les joueurs regroupés par tables réfléchissent à très haute voix, les serveuses louvoient pour amener les pintes de bière. Ça y est, nous sommes bien en territoire britannique, et la vie a repris (presque) comme avant.