Jeudi 7 juin, notre taxi Uber nous emmène à l’aéroport de Sydneysous un ciel d’un bleu insolent. Le soleil nous nargue, lui qui aura été absent pendant les deux jours et demi passés à Sydney.

Mais la couleur du ciel est trompeuse, les « brouillards matinaux » (on se croirait écoutant la météo lyonnaise) feront partir notre avion avec ¾ h de retard.

Après la banlieue, la campagne cultivée puis les Blue Mountains, le 737 de Virgin survole finalement le désert. On le reconnaît à sa couleur rouge mélangée à des pointillés verts inattendus.


Après 3 h 40 de vol (le 16°…) nous atterrissons à Ayers Rock. Je conserverai ce nom (qui reste celui de l’aéroport) pour cette zone d’une manière générale, et emploierai les noms aborigènes maintenant communément utilisés pour les sites remarquables.

Tout le parc national est sous la responsabilité des aborigènes. C’est ainsi que le « village » de  Julara regroupe toute l’offre de logements et de restaurations. Un seul site internet permet de choisir et réserver son logement, du camping à l’hôtel très luxueux. Compte tenu des prix très élevés, nous avions réservé quelques jours auparavant dans l’hôtel le moins coûteux, le Outback Pioneer Hotel, où nous découvrons un bungalow agréable, bien équipé, et suffisamment vaste pour accueillir nos deux grosses valises. Nous ne profiterons pas de la piscine, la température nocturne dans le désert à cette époque ne permettant pas d’avoir une eau suffisamment chaude.

Les différents hôtels sont astucieusement répartis autour d’une route circulaire, mais la quasi-absence de signalétique permettra à notre Toyota Rav 4 de faire quelques tours de manège inutiles.

Dans l’accueillante place du village, où est regroupé l’essentiel des besoins (restaurants, boutiques souvenirs, banque, poste et une supérette), nous croisons nos premiers « vrais » aborigènes. Ils correspondent en tous points à ceux vus dans des reportages télévisés. Le moins qu’on puisse dire est que leur faciès ne coïncide pas avec nos standards occidentaux ! Leur arcade sourcilière proéminente notamment, mais aussi leur voix souvent très rocailleuse (pouvant être accentuée par l’alcool), leur façon de rester fréquemment assis par terre, leurs vêtements très frustres et plutôt sales, rien qui ne puisse faciliter une assimilation complète.

Cela dit, beaucoup d’aborigènes ont une peu claire, voire blanche, et éventuellement un « look » très occidental. Au point qu’on peut les confondre avec les descendants des Britanniques. Sans doute le résultat d’un métissage parfois lointain.

Rappelons qu’il a été démontré que les aborigènes (et les habitants du Détroit de Torrès) seraient venus de Nouvelle-Guinée ou d’Indonésie il y a plus de 40.000 ans. Ils seraient le plus vieux peuple sans brassage génétique !

Toujours est-il que, sans parler d’apartheid, cet état ou plus précisément Territoire du Nord (Northern Territory), qui possède la plus forte population d’aborigènes du pays, pratique une certaine séparation entre les deux communautés. C’est ainsi que l’on voit (surtout à Alice Springs) beaucoup de maisons et immeubles soigneusement entourés de hautes barrières. Et dans les bus, les indigènes se mettent naturellement au fond et les rares « blancs » occupent des sièges à l’avant.

Quand on pose à ces derniers la question de l’assimilation des Aborigènes, la réponse la plus fréquente est « c’est un problème ».

Parfois même, la conclusion ira jusqu’à un « c’est un gros problème ! ».


Le vendredi matin, nous pénétrons dans le parc national, après avoir franchi le péage et payé notre dîme (25 $ soit 16 € par personne pour 3 jours) à la communauté. Nous avons décidé de commencer par le site d’Uluru (nom officiel depuis 2002) bien connu, malgré un ciel un peu gris. Le monolithe, âgé de plus de 60 millions d’années et de 2,5 km de long se voit à des kilomètres alentour, ses 348 m de haut émergeant aisément de ce désert quasi plat. En fait, est-ce bien un désert ? Car les taches vertes que nous voyions depuis l’avion sont en fait des plaques de végétations très fréquentes, allant de l’herbe assez jaune (Spinnifex qu’il est préférable de ne pas toucher) à l’arbre de plusieurs mètres. Eucalyptus et chênes du désert donnent une allure de savane à cette région, bien loin de celle du Sahara.

Notre voiture garée dans le parking aménagé (avec, comme toujours, des toilettes propres et ne manquant jamais de papier…), nous entamons notre premier chemin balisé, bien décidés à ne pas monter sur le monolithe, respectant ainsi ce lieu sacré pour les aborigènes. Tous les touristes ne font pas ainsi, et certains y laissent même leur vie, car l’escalade n’est pas si aisée.

Le cheminement - qui longe le monolithe - est parfaitement aménagé, à l’instar des parcs nationaux américains. Barrières ou simple cordelette limitent les dégâts, tout en laissant l’accès à certaines cavités où l’on peut admirer gravures et peintures, vieilles de 30.000 ans pour certaines ! La température en cette saison est agréable, c’est d’ailleurs pour cela la « haute saison » touristique. De plus, le parcours passe fréquemment sous des arbres, qui doivent être appréciés aux fortes chaleurs de l’été.

Le chemin aboutit à une anfractuosité dans la falaise, qui permet à l’éventuelle eau de pluie de tomber dans un petit bassin créé par l’unique source du site. Il s’agit bien évidemment d’un endroit hautement sacré depuis la nuit des temps !

Un deuxième sentier tout aussi balisé, de l’autre côté du monolithe, nous invite à découvrir un autre endroit du site, analogue au premier. Nous avons en fait renoncé à faire le Uluru Base Walk de plus de 10 km, qui permet de faire le tour complet du monolithe, ce qui n’est pas possible en voiture.


En fin de journée, nous reviendrons sur le site, du moins sur le parking aménagé à quelques kilomètres pour admirer l’endroit au coucher du soleil. Le parking mesure plusieurs centaines de mètres de long et, quand nous arrivons, il est déjà bien rempli de nombreuses dizaines de pick-up, camping-cars et 4x4 en tous genres. Nombre d’Aussies ont installé tables, chaises et glacières, et la bière coule déjà généreusement. Quelques-uns sont d’attaque, appareil photo vissé sur le trépied, et déclencheur souple en main. Le ciel est encombré de gros nuages gris et il nous semble que le spectacle est finalement plus dans l’assistance que dans la vue du monolithe qui, certes, nous présente son meilleur profil, mais dont la couleur tendant au marron ne correspond pas du tout à celle des cartes postales.

Nous entamons une discussion intéressante avec un Hollandais, venu de Tasmanie (2.400 km) avec son 4x4. Tout à coup, il interrompt la conversation, nous montrant le monolithe. Le soleil perce à travers les nuages et éclabousse de rouge la roche. Cette fois nous y sommes, c’est enfin la carte postale. De tous côtés les appareils photo crépitent et la bière déborde.

Le spectacle ne dure que les 3 ou 4 minutes précédant le coucher du soleil, mais il méritait largement le détour, comme pourrait l’indiquer notre Bibendum national.


Le lendemain (le samedi si vous suivez bien), nous repassons le péage et obliquons à droite pour aller sur le 2° site, un peu plus loin et un peu moins connu, les Monts Olga, ou Kata Tjuta plus officiellement.

Alors que le monolithe d’Uluru est fait de grès (un inselberg d’arkose pour les friands de géologie), les 36 dômes de Kata Tjuta (qui signifie « beaucoup de têtes » en langue aborigène ») sont constitués d’un mélange de schiste et d’un conglomérat de fragments de basalte et de granite. Leur couleur n’est donc pas tout à fait la même que celle d’Uluru, et l’érosion a fragmenté en 300 millions d’années ce qui devait être originellement un monolithe. L’ensemble recouvre plus de 21 km2, et le plus haut sommet culmine à 546 m.

Nous passerons quelques heures à parcourir successivement deux chemins qui, cette fois, ne sont pas plats puisqu’ils se frayent un passage au milieu des dômes.

Le soleil est aussi peu absent que la veille et les mouches encore plus envahissantes. Nous avons fait fi des voilettes en vente dans les magasins de Julara. Elles sont cependant bien utiles, pour peu qu’on ait un chapeau, celui de Crocodile Dundee de préférence. Nous devons nous contenter chacun d’un petit branchage, baptisant alternativement et à un rythme étudié les deux côtés de nos têtes. Finalement ce sont les diptères qui auront raison de notre obstination, et nous rebrousserons chemin aux ¾ de la balade.

Arrivés au parking, reste la difficulté à entrer dans la voiture en laissant nos compagnes à l’extérieur…


Le lendemain, le réservoir de la Toyota rempli à fond, nous attaquons les 300 km de bitume pour rallier le site de Kings Canyon.

La highway de 2 x 1 voie est évidemment monotone, les tournants ne se justifiant que pour contourner des dunes un peu hautes.

Nous ne verrons qu’un ou deux cadavres d’animaux, un kangourou et une vache. En revanche, plus nombreuses seront les carcasses de voitures. D’après des sources bien renseignées, il s’agit du résultat soit d’un endormissement (la vitesse est limitée à 110 km/h, ce qui suffit bien pour avoir un accident), soit de la rencontre fortuite et généralement nocturne avec un marsupial, un cheval sauvage voire un chameau.


Toujours est-il que nous arrivons intacts à Kings Creek Station. Plutôt que d’alléger fortement le porte-monnaie, nous avons opté pour cette formule « à la ferme », qui est cependant loin d’être économique. Pour deux nuits, notre chambre sera une tente de safari. Un genre de grosse niche à chien (et sans dingo espérons-nous), qui doit bien mesurer 2,20 m x 2,20 m, soit moins de 5 m2… Pas d’autres solutions que d’enlever de nos valises le kit de survie, puis de les remiser dans un coin.

Nous ne connaissons pas la surface de l’exploitation (close d’un grillage) de la « station », mais ils possèdent tellement de chameaux que le nombre n’est pas connu… Importés à la fin du XIX° siècle pour transporter des charges dans le désert, ils pullulent maintenant (comme les chevaux sauvages, ou Brumbies) dans tout le désert et certains sont exportés pour la viande. Ces chameaux étaient autrefois essentiellement sous la garde d’Afghans. D’où le nom de “Ghan” au train (de luxe) qui traverse toute l’Australie verticalement entre Adélaïde à Darwin, en 3 jours.


Après une nuit correcte, nous attendons le lever du jour pour aller faire nos ablutions dans les sanitaires extérieurs. La nuit, le désert regorge d’araignées et serpents venimeux, certaines morsures étant assurément mortelles par absence d’anti-venins. Il faut aussi se méfier, de jour comme de nuit, des dingos. Ils sont apparentés aux chiens, mais, outre qu’ils sont incapables d’aboyer, il faut faire très attention, car ils peuvent être hargneux et auraient la quenotte facile. Rien qui incite à aller nuitamment dans la « cabane au fond du jardin », comme dit Francis Cabrel.


Petit-déjeuner pris, nous allons visiter ce fameux Kings Canyon. Il ressemble fortement à ses homologues de l’Ouest américain, en plus petit cependant. Parmi les quatre chemins proposés, notre choix se porte rapidement sur le Rim Walk, donné pour une durée de 3 à 4 h.

Ciel aussi gris que la veille et un peu moins de mouches heureusement. Une partie du chemin est empierré avec soin, et même la montée est facilitée par des marches dignes de ce nom.

Une fois arrivés au sommet, où se trouvent radio d’urgence, défibrillateur et aire d’atterrissage pour hélicoptère, nous empruntons le parcours qui longe la crête du canyon, passant par des petits plateaux et gorges de faibles dimensions. À tout moment on s’attend à être attaqué par des Peaux-Rouges. Mais seuls quels oiseaux colorés nous tournent autour.

La roche est toujours un grès, mais cette fois composé de couches de sable successives, de couleurs jaune, rouge et blanc. Ce millefeuille est particulièrement esthétique et son érosion est différenciée selon la couche. La roche a donc adopté des formes souvent torturées, un vrai délice pour le photographe ! Ne manque que le soleil pour donner un peu de peps…

Nous finissons la balade dans les temps impartis et regagnons notre home_sweet_home de 5 m2. Le repas vite avalé (la cuisine ferme à 19 h…), un dernier coup d’œil au ciel étoilé de l’hémisphère sud et nous fermons vite la porte en croisant les doigts pour que des araignées ne partagent pas notre couche.


Le lendemain (donc le mardi 12. Vous suivez toujours ?), nous prenons tôt la route. Deux itinéraires sont possibles pour rallier Alice Springs. Soit la Mereenie Loop, une piste de 200 km pour laquelle un véhicule 4x4 et une autorisation sont obligatoires. Soit le ruban de 470 km qui emprunte notamment dans sa deuxième moitié la Lasseter Highway qui traverse toute l’Australie du nord au sud. Les pompes à essence se comptant, pour ce trajet, sur une main amputée de 3 doigts, je me lance dans un savant calcul. Car outre qu’il tient compte du kilométrage, de la consommation supposée et de la capacité (supposée de 60 litres) du véhicule, il incorpore le fait que l’essence est pratiquement 50 % plus chère dans le désert.

Un mal de tête plus tard, nous voilà partis avec les ¾ du réservoir, le résultat de l’équation indiquant que nous « devrions » atteindre la première pompe, distante de 270 km, et située astucieusement au carrefour des deux « autoroutes ».

Le régulateur calé à 115 km/h en bon Français (vitesse limitée à 110 km/h...), nous déroulons les kilomètres de l’Outback en compagnie de nombreux Aussies équipés de Picks up et caravanes spéciales désert. Très rarement nous croisons ces fameux road-trains, camions traînant trois remorques. Pas le temps de dégainer l’appareil photo malheureusement. Tant pis pour le cliché !

Les kilomètres défilent et l’aiguille de la jauge descend en même temps que le soleil monte dans le ciel. Pour passer le temps, mais aussi pour me rassurer, je refais moult fois mon calcul d’autonomie. À plusieurs dizaines de km de la station salvatrice, l’aiguille arrive dans la zone « réserve », le voyant s’allume et un dong (japonais sans doute vu la marque de la voiture) résonne dans l’habitacle. Je m’imagine debout au bord de la route, pouce en l’air, attendant un Australien compatissant (ne roulant pas au diesel), tout en surveillant mes arrières, car, c’est bien connu, le dingo n’est pas si dingue que ça, il attaque lâchement par l’arrière.


Enfin, un panneau grand comme un 4 x 3 de JCDecaux, puis le carrefour et sa station. Elle grouille de véhicules en tous genres. Après une rapide étude de la situation, il apparaît que l’organisation australienne est mise à mal. Il n’y a qu’une queue pour chaque sens et, compte tenu de la longueur ridicule des tuyaux dans ce pays, il y a intérêt à savoir de quel côté de la voiture se situe le bouchon du réservoir. De plus le nombre de véhicules en attente est impressionnant.

J’entrevois une 3° file, vers laquelle se dirigent plusieurs pick-up. Mon instinct de roublard latin me laisse entrevoir une possibilité d’échapper à la queue. Hélas, hélas, c’est celle pour la (seule) pompe de diesel.

¾ h plus tard, je finis de remplir le réservoir à raz bord et je constate qu’il ne fait que 50 litres. Tout s’explique, voilà le facteur minorant de mon équation ! Oui, me direz-vous, j’aurais pu regarder la notice de la voiture. Oui….

La longueur des queues s’explique également par un autre dysfonctionnement. Alors que les Australiens utilisent leurs cartes bancaires pour n’importe quel achat, ici dans cette station-service esseulée, l’essence doit se régler au comptoir. J’entreprends donc de faire la queue en même temps que d’autres clients. Une aborigène, qui fait la queue également, jette son dévolu sur deux ou trois gadgets sous plastique, parfaitement inutiles dans son cadre de vie....

Comme la queue s’éternise, on me conseille gentiment d’aller payer à la caisse du bar. Bonne idée, car, pendant ce temps, on attend à la pompe derrière ma voiture ! Oui, mais voilà, à ladite caisse, le tenancier est en train de rappeler à un aborigène qu’il n’a pas le droit de partir avec plus de 2 bières... La séance s’éternise et, de guerre lasse, le barman finit par ouvrir les trois cannettes et à laisser partir son client. Enfin je peux payer mon essence et retourner à la voiture pour laisser ma place. Nous sommes vraiment ici sur une autre planète.

Nous repartons tout ragaillardis et avalons les kilomètres en même temps qu’un sandwich, et arrivons à Alice Springs en début d’après-midi.


Cette ville est très particulière. Située au beau milieu de l’Australie, elle est à des milliers de km et des heures d’avion des capitales des autres états australiens. Longtemps le seul télégraphe qui reliait l’Australie au reste du monde passait là, et la seule ligne de chemin de fer (venant d’Adélaïde sur la côte ouest) y trouvait son terminus. Ce n’est qu’en 2004 qu’elle fut prolongée jusqu’à Darwin. Son aéroport en faisait le point de passage obligé pour qui voulait atteindre les beautés d’Uluru. Mais, en 1980, un aéroport fut ouvert à Ayers Rock et « The Alice » est alors entrée dans une douce léthargie.

Nous y retrouvons les aborigènes, qui errent là en grand nombre. Prenant le bus pour atteindre les endroits à visiter, nous nous retrouvons parfois en leur proche compagnie. Tellement proche que nous vérifions ce que nous avions lu, il émane d’eux une odeur forte à laquelle notre odorat n’est pas habitué. Aussi désagréable que celle d’une forte odeur de sueur. Encore un facteur qui ne facilite pas l’intégration !


En une journée, nous avalons les points d’intérêt de la localité :

-       Tout d’abord le musée des fameux Médecins Volants, Le Royal Flying Doctor Service, association crée en 1928 par le pasteur John Flynn, devenue Royale par la grâce de Dieu et de la reine Elisabeth la Deuxième. Nous vous laissons le loisir de lire des informations par internet sur cette superbe organisation.

-       - Tout naturellement nous visitons ensuite la School of the Air. Attention aux faux amis ! Il ne s’agit pas d’une école d’aviation, mais bien d’une école où l’enseignement est fait par la voix des airs… C’est même la plus grande école du genre au monde. Là encore, Google vous tend ses petits bras (et nos photos).

-       -Troisième et dernière visite, le Araluen Cultural Precinct, complexe abritant notamment deux galeries d’art et le musée de l’aviation. Le lecteur assidu aura remarqué que nous avons visité tous les musées d’art de l’Australie. Enfin, presque. Mais l’art australien en général et aborigène en particulier nous attire beaucoup. CQFD.


La fin de la journée arrivant tôt (il fait nuit à 6 h 30), nous montons une petite colline pour admirer le coucher du soleil. Et confirmons du même coup l’étrange topographie des lieux. L’immense plaine est coupée par la Mac Donnell Range, une barrière rocheuse haute et large de quelques dizaines de mètres, longue de 640 km, vieille de 600 millions d’années, et interrompue à cet endroit comme si une gigantesque hache l’avait frappée. Dans l’étroiture se coulent la voie unique de chemin de fer et la petite « autoroute ».

Au nord, la localité s’écoule vers le désert. Au sud, l’aéroport et une petite zone industrielle ont pris place. Vu d’avion (merci Google Maps), l’ensemble est assez surprenant.



L’aéroport justement nous tend ses bras pour notre 17° vol à destination de Darwin.

Cette fois, ça y est, nous sommes à l’extrémité nord du pays alors que nous y sommes entrés tout au sud, à Melbourne, trois semaines auparavant.


Encore une ville bien particulière. La pauvre a connu :

-       Des cyclones en 1897, 1917 et 1937

-       Un bombardement japonais effectué le 19 février 1944 par 188 avions, recevant plus de bombes que Pearl Harbour ! Plus de 200 morts.

-       Le cyclone Tracy le jour de Noël 1974, qui fera plus de 70 morts, provoquera l’exode contrôlé de 30.000 personnes et détruira la quasi-totalité de la ville. Seuls subsisteront quelques édifices d’un ou deux niveaux du XIX° siècle construits en pierre, et quelques bâtiments en béton à 1 ou, plus rarement, 2 étages.

Imprudemment nous avons choisi un motel trop éloigné du (petit) centre. Quartier sans cachet tout autant que l’hôtel, peu de bus. Nous réussirons à basculer 2 jours après dans un autre hôtel (notre 36° logement) parfaitement situé, et offrant même une piscine entourée de palmiers. Idéal pour s’octroyer une journée et demie de repos, sans visites. La 1° depuis le départ de France… Drôle de sensation que d’avoir rien à faire sinon que farnienter.


La nouvelle Darwin est très agréable. Aérée, très peu d’immeubles hauts, au bord d’une immense baie au contour festonné (comme Auckland et Sydney), un court« mall » où se pressent quelques boutiques et restaurants, il est aisé de s’y promener tranquillement.

La ville s’est dotée d’une nouvelle installation. Elle a aménagé son front de mer avec deux barres d’immeubles résidentiels en arc de cercle avec restaurants en pied, une grande piscine à vagues et un lagon artificiel. Pourquoi ces deux derniers équipements ?

C’est que voyez-vous, la côte nord de l’Australie bénéficie d’un climat subtropical attirant les touristes australiens et étrangers. Mais elle recèle deux légers inconvénients :

-       Le bord de mer est infesté de crocodiles. Le record, aujourd’hui empaillé (et affectueusement surnommé Sweetheart), développe au musée ses 5,91 m de long. Faites 6 longs pas dans votre séjour, vous comprendrez l’hésitation à se mettre à l’eau.

-       L’eau est infestée de méduses, dont certaines sont mortelles.

Bon, encore une occasion de plongée manquée ! D’ailleurs le seul club de Darwin a renoncé à emmener des clients autres que ses membres.


Nous voici au terme de notre périple austral. Demain nous serons à Hong Kong pour 4 jours, hébergés par un ami. Une étape singulière pendant laquelle nous n’aurons sûrement pas le temps d’écrire un article. Mais nous mettrons probablement en ligne des photos.