Nous sommes partis de Melbourneen restant sur notre faim. Le mauvais temps ne mettait pas en valeur les bâtiments, modernes et anciens, pourtant intéressants.

Et, comme à Auckland, on a trouvé que les buildings écrasaient complètement l’aspect ancien de la ville. En général en Australie, les villes s’étendent amplement, profitant de l’espace disponible. Les quartiers sont alors constitués de maisons basses ou de rares immeubles de 1 ou 2 niveaux. En revanche, le CBD (Central Business District) exploite au maximum chaque parcelle de terrain, et les nouvelles constructions poussent comme des champignons sur les décombres des anciennes.

 

La ville recèle de beaux passages, datant probablement du XIX° et rappelant ceux de Milan. À noter une bibliothèque municipale étonnante, avec une majestueuse salle d’études de forme octogonale. Ici, même les Chinois arrivent à être silencieux !

Nous avons réussi à nous glisser dans une visite guidée du Parlement, mais sans pouvoir prendre de photos malheureusement. L’occasion d’apprendre un peu du fonctionnement de cette nation qui est tout à la fois une monarchie constitutionnelle (la Reine est représentée par un Gouverneur), une fédération (de 7 états) et une démocratie parlementaire (avec un Premier Ministre et deux chambres). Le Parlement était donc celui de l’état du Victoria.

 

L’autre visite plus étonnante a été celle de l’ancienne prison. Construite en 1841, 135 pendaisons eurent lieu jusqu’à sa fermeture en 1994. Les locaux sont peu éclairés, donnant une ambiance lugubre tout à fait appropriée. Beaucoup de cellules sont utilisées pour montrer objets, photos, et mannequins en situation. Le « clou » de la visite est la potence, qu’un employé habillé en gardien détaille avec tout le sérieux nécessaire.

Une fois de plus, nous avons noté la présence de nombreux groupes d’écoliers, bien sages, tous habillés avec l’uniforme de leur école.

Le moment est venu d'évoquer Ned Kelly, le criminel australien le plus connu ! Il était un célèbre bushranger, considéré par les uns comme un tueur de policiers de sang-froid et par d'autres comme une icône populaire, tant pour son côté Robin des Bois moderne, que pour sa résistance face aux classes dirigeantes anglo-australiennes et à l’abus de pouvoir des autorités.

Edward Kelly, dit Ned Kelly est né à Beveridge dans le Victoria (Australie) en décembre 1854 ou juin 1855 selon certains historiens et exécuté le 11 novembre 1880 à Melbourne. De voleur de bétail, il deviendra cambrioleur de banques puis tueur de policiers.

Le 28 juin 1880, Ned Kelly est retranché avec ses complices dans une auberge, après une tentative avortée d'attaque de train. Il tentera une sortie, équipé d'une armure de son invention. Mais il avait oublié de protéger ses jambes, et les policiers n'auront aucune peine à l'atteindre de leurs balles à cet endroit...

En dépit des 32 000 signatures recueillies par les pétitions réclamant sa grâce, Ned Kelly est condamné à mort et pendu le 11 novembre 1880 dans la prison de Melbourne, où ses derniers mots auraient été : « Ainsi va la vie ».

Devenu l'un des grands héros du folklore populaire australien, Ned Kelly incarne la résistance de l'opprimé contre les autorités. Il représente pour certains une fierté nationale, car il symbolise la résistance contre l'Empire britannique. Même si on sait qu'il redistribuait le fruit de ses vols à ses amis et membres de sa famille, Ned est bel et bien le tueur des policiers qui sont à l'origine de sa dernière poursuite (il plaida la légitime défense lors de son procès).

Un récent sondage en Australie révèle que 91 % des Australiens pensent que Ned Kelly n'a pas eu droit à un procès équitable.

 

L’un des lieux de visite le plus connu de la ville est sans conteste le Musée de l’immigration. Sis dans l’ancien et beau bâtiment des douanes, il retrace de manière très moderne cet aspect important du pays. Car depuis 1788, plus de 9 millions d’hommes, femmes et enfants issus de 200 pays différents immigrèrent en Australie.

Le quartier chinois (2° plus grand Chinatown au monde), les Botanic Gardens (avec le cottage de James Cook déplacé pierre par pierre depuis l’Angleterre), la National Galery of Victoria (avec d’intéressantes peintures d’artistes australiens), la rive sud de la Yarra River, la cathédrale St Paul et l’église St Michael clôturèrent cette approche de la deuxième ville d’Australie.

 

Désireux de voir autre chose que des villes, nous louâmes à nouveau une voiture et, après études et discussions, mirent cap au sud-est en direction de Phillip Island.

Nous empruntons notre première highway, une autoroute à l’aménagement spartiate, sensée longer la mer. Malheureusement nous ne la verrons à aucun moment. Les rares localités sont ennuyeuses à souhait et le déjeuner, pris dans un « restaurant », nous fera regretter de ne pas avoir emmené des sandwichs...

La petite île de Phillip Island (26 x 9 km), que nous avons eu la chance de découvrir avec le soleil, est un régal pour les yeux. D’immenses prairies bien vertes, dont beaucoup descendent en pente douce vers la mer, sont visibles de part et d’autre des rares routes. Nous y voyons enfin nos premiers kangourous, plus précisément des wallabies.

L’île possédant un circuit automobileinternationalement réputé, une visite s’impose. Nous découvrons qu’il est maintenant réservé à un Grand Prix de courses de motos. D’ailleurs une dizaine de motocyclettes sont à l’entraînement ce jour-là. Le circuit passe non loin de la mer. On imagine l’impression pour un pilote lancé à pleine vitesse d’avoir la mer en droite ligne, juste après une bosse !

On espère juste que les vaches qui sont dans un pré voisin donnent un lait qui ne tourne pas trop vite (Pffff, elle était facile, celle-là…).

 

Les oreilles encore bourdonnantes, nous nous réfugions au Koala Centre, lieu de préservation de cette espèce de marsupial arboricole, seul représentant encore vivant de la famille des Phascolarctidés, comme tout un chacun le sait... 

Des espaces particuliers leur sont réservés, consistants en un lot important d’eucalyptus entourés de barrières discrètes. Arbres nombreux, mais insuffisants pour assurer leur nourriture. Les employés du centre leur placent donc à des endroits référencés des branches supplémentaires.

Avec un peu d’attention, on a vite fait de repérer la quasi-totalité des 6 à 8 koalas regroupés dans chaque enclos. Statistiquement, on peut dire que dans un groupe, un seul est au labeur et les autres au dodo. Le labeur consistant à mâcher consciencieusement des feuilles d’eucalyptus. Celles-ci ayant un faible pouvoir nutritif, le koala est obligé d’en ingurgiter de grandes quantités. Le reste du temps est occupé à une lourde tâche, le sommeil digestif et réparateur.

À ce jour, c’est le seul endroit où nous avons pu voir de près ces charmantes bestioles.

 

Mais l’île possède un 3° centre d’intérêt, bien mis en avant par tous les guides : sa Parade de pingouins qui, doctement, sortent de l’eau tous les soirs à un endroit précis sur une plage, pour se mettre au chaud dans leurs terriers.

Cette particularité attire tellement de monde que le site est aménagé à l’américaine. Immense parking, gradin en béton au bord de la plage, exposition détaillée sur le palmipède (qui est en fait un manchot, à ne pas confondre avec le pingouin qu’on ne trouve que dans l’hémisphère nord) et, bien sûr, la boutique souvenirs remplie de produits en rapport avec le lieu, mais made in China.

Installés sur le gradin, emmitouflés pour se protéger du froid, appareil photo laissé dans la voiture, les photos étant interdites pour ne pas effrayer le maître des lieux, nous attendons avec impatience le coucher du soleil. Car des indications sont données sur grand écran avec l’heure théorique (à une ou deux minutes près paraît-il) de l’apparition attendue.

Les lieux sont éclairés par des lampes au sodium (que les pingouins, c’est bien connu, apprécient beaucoup plus que les néons et même les LED). Un Ranger, chapeauté comme il se doit, donne les instructions pour que tout se passe au mieux dans l’intérêt des stars, instructions répétées par haut-parleur dans la langue de Mao.

Car nous sommes, une fois de plus, entourés, voire cernés par Chinois et Indiens.

Je ne peux m’empêcher de regarder l’installation en détail. Pas de régies son, lumière et vidéo. Les artistes ne sont pas exigeants !

Enfin le moment tant attendu se précise. Il fait nuit depuis une vingtaine de minutes, la marée monte tout autant que l’impatience des spectateurs.

Chacun rivalise de protection contre le froid et prie pour que la pluie n’arrive pas avec le coucher du soleil.

Une rumeur arrive tout à coup, circulant sur le gradin telle une ola dans un stade, car un petit groupe de tous petits manchots (30 cm) sort de l’eau en dandinant. Ils sont à peine visibles. Sont-ce leurs yeux qui brillent dans le noir, ou des leds collées sur leur front ?

Un peu hésitants, les manchots pygmées se dirigent vers le bout de la plage, échappant bien vite au regard. Quoi, c’est tout ! ?

Quelque peu frustrés vu le prix de l’entrée, nous quittons le gradin en bougonnant. Mais le show n’est pas terminé. En fait les Brachyptères marchent à la queue leu leu de l’autre côté du grillage qui borde le chemin du retour. Et là, il est aisé de les observer en détail, d’autant qu’ils s’arrêtent souvent pour nous regarder, tels des stars montant l’escalier du Palais des Festivals de Cannes. Discrètement, les 3/Ž4 des spectateurs prennent des photos avec leurs téléphones… heureusement sans flash. Je fais de même, regardant le sujet de l’œil gauche et le Ranger de l’œil droit.

À noter que, sous le cheminement en bois sur lequel nous évoluons se trouve un couloir équipé de fenêtres, dans lequel cheminent les spectateurs qui ont payé l’entrée Premium et qui, finalement, ne voient pas mieux que nous !

Les manchots pingouins continuent d’avancer en petits groupes ou solitaires. Au bout d’une petite centaine de mètres, nos chemins se séparent. Les oiseaux terrestres sont obligés de quitter leur sentier terreux pour emprunter une petite voie goudronnée qui contourne le bâtiment d’accueil. Mais voilà, il faut descendre une bordure de trottoir... Alors un groupe se forme au bord du précipice, au fur et à mesure que des retardataires arrivent. Une fois qu’ils se sentent suffisamment nombreux, un courageux se lance dans l’aventure, saute le trottoir de 20 cm (haut pour un bipède de 30 cm...) et attaque la montée goudronnée, bien vite imité par ses congénères.

Finalement nous repartirons plutôt satisfaits de cette soirée insolite, chauffage à fond dans la voiture pour le retour, yeux rivés sur la route pour ne pas tamponner un kangourou qui aurait l’imprudence de traverser au mauvais moment.

 

Le deuxième jour, toujours sous le soleil, nous passons sur une petite île collée à Phillip Island, l’île Churchill (qui n’a pas de rapport avec Winston).

Elle ne possède qu’une habitation, une ferme exploitant grasses prairies et troupeaux de vaches et moutons.

Elle appartient maintenant au National Trust et elle offre la possibilité de se promener le long de son rivage par un chemin ressemblant à nos Sentiers des Douaniers. Des démonstrations de tonte de moutons, de chiens au travail (obéissants à la voix pour regrouper les bêtes) et de claquements de fouet sont également proposées. Quelques spectateurs s’essayeront bien à ces derniers, mais peu réussiront à imiter le jackaroo(cowboy australien) !

Nous nous installons dans un hangar pour assister à la tonte. Pendant que Marie-José trouve une bonne place sur le petit gradin, je reste debout au plus près de l’enclos où sont parqués quelques moutons. Ils semblent rassurés sur leur sort, alors que chaque année ils ont droit au coiffeur.

Le démonstrateur en agrippe alors un, laissant les autres pour les tours suivants. L’heureux élu est prestement mis sur son séant, le dos plaqué contre les jambes du fermier. Et, en une ou deux minutes, il est dépouillé de sa toison grâce à un rasoir actionné par un flexible relié à un système compliqué de courroies, poulies et moteur électrique.

Sous les applaudissements, le quadrupède maintenant nu comme un vers essaye de faire bonne figure et rejoint bien vite ses congénères.

Il nous reste juste le temps de faire tout le tour de l’île, où presque, admirant le paysage. Les prés bien verts, soigneusement tondus par les ruminants, descendent en pente douce vers une mer bleue et calme.

L’endroit respire la quiétude, un peu comme dans les îles anglo-normandes par beau temps. La végétation est du type méditerranéen, avec un mélange de pins, d’eucalyptus et d’espèces inconnues à nos yeux d’Européens.

Mais il est temps de quitter l’île. Nous mettrons presque 4 heures pour parcourir les 150 km qui nous séparent de Melbourne, devant affronter les redoutables embouteillages de fin de semaine.